Ref. 1348

G.-F. Quignon

Ebéniste
(1843-début du 20e siècle)
(attribué à)

Cabinet neo-Renaissance

France
Circa 1889

Présenté à l’Exposition Universelle de Paris en 1889

Haut. : 194 cm ; Long. : 173 cm ; Prof. : 56 cm

Important cabinet de style Néo-Renaissance en bois naturel sculpté et gravé, bronze patiné et incrustations de marbre rouge Griotte de Campan.

La partie haute est composée d’une frise de médailles en bronze séparées par des triglyphes, supportée par des colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens dont huit jumelées en façade et deux simples à l’arrière. La façade présente une alternance de bronzes dans des niches et en cartouche, de plaques de marbre en cartouche parfois flanqués de rinceaux, et de motifs gravés de laurier et de rinceaux. Le corps supérieur ouvre par trois vantaux et par trois casiers mobiles. La ceinture sculptée de feuilles d’acanthe ouvre quant à elle par deux tiroirs. L’ensemble est supporté par quatre pieds gaine richement sculptés et terminés par des griffes, auxquels font contrepoint quatre pilastres cannelés inscrits dans un fond mouluré. Le piètement repose sur une plinthe moulurée et huit pieds en boule aplatie.

L’ornementation de bronze

L’iconographie des bas-reliefs de bronze ornant ce cabinet mêle mythologie, monde romain et époque Renaissance.

La façade présente deux scènes de camp sur des panneaux de bronze, où figure l’empereur s’adressant à ses soldats. Une troisième scène en médaillon présente un soldat aux côtés de son compagnon blessé. Ce médaillon est encadré par deux plaques de bronze aux figures de Poséidon.

Une frise comprenant vingt-quatre médailles en bronze ceint toute la partie supérieure du cabinet. Ici, certaines médailles représentent les hauts-personnages de la Renaissance dans le goût de Guillaume Dupré (vers 1576-1643), élève de Prieur, proche du roi Henri IV puis sculpteur du roi Louis XIII. D’autres représentent des empereurs romains d’après des modèles de sesterces ou bien des scènes antiques.

Médaille Henri IV-Tobogan-Antiques

Médaille à l’effigie d’Henri IV, Guillaume Dupré, 1600, conservée au Cabinet des Médailles, BNF

Sesterce-Aulus-Tobogan-Antiques

Sesterce figurant Aulus Vitellius Germanicus 59 après J.C.

Textes d’époque

Autour de 1889, de nombreux cabinets ou commodes présentent ce type de médaillons (il est à noter que dans les années 1880, F.Levillain (1837-1905) développe une nouvelle technique de production de bas-relief permettant de créer des médaillons au moyen d’un système de sculpture mécanique). Plusieurs cabinets de ce type sont produits par G.F. Quignon, notamment un ‘joli cabinet, d’une construction parfaite, élégant de forme, enrichi de colonnettes, de bas-reliefs de bronze, et de frises en marqueterie’ (in Exposition Universelle, 1889, les Beaux-Arts et les Arts Décoratifs, publié sous la direction de L.Gonse et A. de Lostalot, Paris, Journal Le Temps, p.351). Dans les Rapports du Jury International, Exposition Universelle de 1889 à Paris, Alfred Picard, note que Quignon est ‘passé maître. Pour ne citer que deux de ses œuvres qui n’a admiré son beau meuble Henri II, en poirier naturel, et cette porte d’appartement Louis XIV, en chêne sculpté.’ V. Champier reproduit quant à lui un cabinet identique en poirier dans Les Industries d’Art à l’exposition universelle de 1889.

Appui-doc-Cabinet-NeoRenaissance-Tobogan-Antiques-Paris

 

Cabinet de style Renaissance exposé à l’Exposition Universelle de Paris, 1889 illustré dans J. Meyer, Great Exhibitions, London, New York, Paris, Philadelphia, 1851-1900, Antique Collector’s Club, 2006, p. 281.

Le style Neo-Renaissance

Par sa forme architecturée, notre meuble s’inscrit dans le style Néo-Renaissance, apparu dans les années 1830 avec l’ornemaniste Claude-Aimé Chenavard (1798-1838), puis développé notamment par le décorateur Michel Liénard (1810-1870). Ce style succède au culte du Moyen-Âge et au néo-gothique, et connaît un succès durable. Les sources d’inspiration sont nombreuses en France, et la richesse iconographique du maniérisme flatte le goût du Second Empire.

Biographie

Gustave-Frédéric Quignon, né en 1843, travaille avec son père Napoléon Quignon, boulevard Richard-Lenoir. Il prend sa succession en 1874 et étend l’éventail des fabrications de la maison avec d’autres sièges et meubles, mais aussi de la sculpture. Comme son père, il produit des meubles finement sculptés et dorés de style Louis XV et Louis XVI, mais aussi quelques meubles Neo-Renaissance. Il devient fournisseur du Mobilier National. Il expose à l’Exposition Universelle de 1878, où il obtient une médaille d’or. Il est membre du jury à l’Exposition Universelle de 1889. La même année, il transfère l’entreprise au 39 rue de Saint-Sabin, où il exerce jusqu’à la fin du siècle. Il participe en 1891 à l’Exposition Française de Moscou aux côtés de H. Dasson et P. Sormani, et en 1893 aux rapports sur l’Exposition Internationale de Chicago. Il obtient le Grand Prix pour l’ensemble de ses envois à l’Exposition Universelle de 1900.

Muséologie

Un ensemble de meubles (un grand buffet, une vitrine, une table et dix-huit chaises) en bois naturel de la maison Quignon, circa 1870, est conservé au Musée Willet-Holthuysen, Amsterdam.

Bibliographie

V. Champier, Les Industries d’Art à l’exposition universelle de 1889, Paris, 1889.

D. Ledoux-Lebard, Les Ebénistes du XIXe siècle, Les Editions de l’Amateur, 1984, p.538.

J. Meyer, Great Exhibitions, London, New York, Paris, Philadelphia, 1851-1900, Antique Collector’s Club, 2006 (cabinet en poirier identique illustré p. 281).

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