Ref. 1845

F. Barbedienne

Bronzier
(1810-1892)

Charmante Aiguière

France
Circa 1870

Email cloisonné, Bronze doré

Signé F. Barbedienne & Cie

Hauteur : 31,5 cm ; Largeur : 12 cm ; Profondeur : 10,5 cm

Charmante aiguière de forme balustre en bronze doré à décor d’émail cloisonné polychrome rouge et bleu. Deux anses perlées relient la panse au col élancé finissant par un bec verseur de forme évasée, et elle repose sur un piédouche circulaire. L’ensemble est orné d’un abondant décor gravé d’entrelacs végétaux.

Barbedienne et l’email cloisonné

Innovant constamment, Ferdinand Barbedienne réintroduit le décor d’émail dans le mobilier profane de la seconde moitié du XIXe siècle. L’atelier d’émail de la Manufacture de Sèvres avait déjà tenté l’expérience en 1854-1855, mais F. Barbedienne est le seul qui soit parvenu à intégrer à échelle industrielle les émaux dans une production d’objets de décoration. Dès 1858, on note que “chez M. Barbedienne, les émaux dans les ornements de cuivre ont retrouvé tout leur prestige d’autrefois” (in Les bronzes de la Maison Barbedienne, C. Simon, in L’Art du XIXe siècle, 1858, n°21, p. 252) et la Maison Barbedienne est alors pourvue d’un atelier d’émail où sont réalisés des objets ornés d’émaux de style oriental ou médiéval. Quatre ans plus tard, sa production d’émaux opaques cloisonnés remporte un vif succès à l’Exposition Universelle de 1862. A cette occasion, F. Barbedienne remporte des médailles dans trois catégories différentes : ‘Meubles d’Art’, ‘Orfèvrerie’ et ‘Bronzes d’art’, notamment pour l’heureuse combinaison du bronze et de l’émail (coupe de style oriental, château de Compiègne, Inv. C. 71-122). 

La technique mise en œuvre pour produire ces émaux est tout à fait originale et diffère de la technique traditionnelle de l’émail cloisonné : en effet chez F. Barbedienne, les cloisons ne sont pas rajoutées par soudure sur la pièce à décorer mais sont directement obtenues lors de la fonte. Les cloisons font donc corps avec l’objet dès sa fonte et cette innovation technique permet ainsi d’obtenir des motifs d’une grande netteté et d’une grande régularité dans lesquels l’émail viendra se loger pour mettre en couleur le décor.

Les couleurs utilisées par la Maison Barbedienne participent elles aussi au succès de ses émaux et on vante alors les coloris utilisés qui “possèdent plus que tous les autres ces qualités d’éclat et de richesse que montrent les palettes des émailleurs gothiques et chinois” (in Gazette des Beaux-Arts, 1er décembre 1862, p. 542). L’ensemble est mis au service de créations émaillées originales, soit d’inspiration chinoise et japonaise abordant un décor naturaliste, soit d’inspiration persane et indienne avec un décor plus stylisé.

Sans titre
Paire de vases d’ornement,
Musée d’Orsay, Paris.

Biographie

Ferdinand Barbedienne (1810-1892) : il a créé et dirigé au n°30 boulevard Poissonnière à Paris, l’une des plus importantes fonderies d’art pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Déjà saluée par deux grandes médailles (Council medals) à l’Exposition de Londres en 1851, F. Barbedienne remporte à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris, une grande médaille d’honneur et onze médailles de coopérateurs récompensant ses créateurs de modèles, comme Louis-Constant Sévin (1821-1888), ses ciseleurs avec Désiré Attarge (c.1820-1878) et ses monteurs. A l’Exposition Universelle de Londres en 1862, F. Barbedienne remporte des médailles dans trois classes différentes : meubles d’art, orfèvrerie et bronzes d’art, notamment pour l’heureuse combinaison du bronze et de l’émail. Avant-gardiste dans les techniques décoratives avec l’orfèvre parisien Christofle, les critiques d’art attribuent cependant la paternité de l’émail cloisonné à Barbedienne (voir “L’émaillerie moderne”, Gazette des Beaux-Arts, Alfred Darcel, t. XXIV, janv.-juin 1868, p° 75-84). Déclaré hors concours, en sa qualité de membre et de rapporteur du jury à l’Exposition Universelle de 1867, Ferdinand Barbedienne y expose cependant avec succès ses œuvres émaillées utilisant les techniques du cloisonné et du champlevé. Nommé Officier de la Légion d’Honneur, Barbedienne est fait Commandeur en 1878, suite à l’Exposition Universelle où le jury le compare à “un prince de l’Industrie et au roi du bronze”. Sa gloire ne tarit pas avec les années, puisqu’à l’Exposition Universelle de 1889, les critiques remercient Barbedienne de servir de maître aux autres bronziers, par la qualité toujours exemplaire de ses bronzes.

Bibliographie

– L’Art en France sous le Second Empire, Exposition Grand-Palais, Paris, 1979, p. 148-149.
– L’émaillerie moderne, Alfred Darcel, in Gazette des Beaux-Arts, t. XXIV (janvier-juin1868), p. 76.
– De l’Impresionisme à l’Art Nouveau – Acquisitions du Musée d’Orsay 1990-1996, Exposition Musée d’Orsay, Paris, 1996, p. 91.
– Les bronzes de la Maison Barbedienne, C. Simon, in L’Art du XIXe siècle, 1858, n°21, p. 252.
– Gazette des Beaux-Arts, 1er décembre 1862, p. 542.

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