Ref. 617/16 & 459/2

C.-G. Diehl

Ebéniste
(1811-1885)

J. Brandely                   

Ornemaniste
(actif entre 1867 et 1873)

Paire de Sellettes néo-Grecques

France
Circa 1867

Poirier noirci, Bronze galvanique, Faïence émaillée

Hauteur : 141 cm ; Largeur : 49 x 49 cm        

Exceptionnelle paire de sellettes de style néo-Grec, réalisées en poirier noirci, bronze galvanique doré et faïence émaillée. Le fût en forme de gaine est orné de plaques rectangulaires en faïence émaillée à décor floral et de palmettes de la Manufacture de faïence Lebeuf, Milliet et Cie à Creil-Montereau, encadrées par quatre bustes féminins finissant en gaine détachée. Il est surmonté de motifs de palmettes, d’éventails et têtes de félins en bronze soutenant un entablement carré bordé d’une frise. Les sellettes reposent sur un socle circulaire décoré d’une frise de palmettes en bronze, soutenue par quatre pieds posés sur une base moulurée ornée aux angles de frises d’oves.

œuvres en relation

Ces ornements sont emblématiques de la collaboration de l’ornemaniste J. Brandely et de l’ébéniste C.-G. Diehl, et tels qu’on les retrouve sur une « table genre grec », un « bahut style grec » ou encore un « bijoutier de style grec », présentés à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris, où ils furent longuement commentés par le critique d’art Jules Mesnard dans son ouvrage Les Merveilles de l’Exposition Universelle de 1867 : notamment concernant « les anneaux de l’entablement sont ciselés avec amour et l’on remarquera le dessin des pitons qui les portent ; il en est de même du rayonnement en éventail qui meuble la petite console de côté,… la tête d’un beau type grec, et d’une animation sereine, est coiffée d’une rangée de frisons sur le front. Le diadème est d’une finesse d’ornementation qui, si l’on pouvait le détacher, en ferait un véritable bijou » (tome II, p°133 & 149). 

Diehl table E.U sans légende  Diehl bijoutier E.U sans lég

Diehl sellettes sans légende doc

Une paire de sellettes similaires aux nôtres par C.G. Diehl et la Manufacture Lebeuf, Milliet & Cie est répertoriée au Service documentaire du Musée d’Orsay.

Biographie

Installé à Paris vers 1840, Charles-Guillaume Diehl (1811-c. 1885) fonde en 1855 son entreprise d’ébénisterie et de décoration au n°19, rue Michel-le-Comte. Ses ateliers exécutent d’élégants petits meubles en bois de rose et thuya et des « fantaisies avec bronzes et porcelaines » (voir Les ébénistes du XIXe siècle, D. Ledoux-Lebard, Ed. de l’amateur, 1982, p°164). Ce sont cependant les coffrets de Diehl (nécessaires, caves à liqueurs, à cigares, boîtes à jeu, à gants, à cachemires, à bijoux) qui assoient sa renommée (voir L’art en France sous le Second Empire, Exposition Grand-Palais, Paris, 1979, p°133). Récompensé d’une médaille de bronze à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris, C.G. Diehl présente à l’Exposition des Arts industriels de 1861 une jardinière à colonnes en faïence et une cave à liqueurs.
En collaboration avec le dessinateur Jean Brandely (actif entre 1867 et 1873), Diehl renouvelle son répertoire décoratif et crée ses étonnants meubles de style Grec qui connaissent un succès fulgurant à l’Exposition Universelle de Paris en 1867, tandis que ses coffrets y remportent une médaille d’argent.
Diehl s’associe également pour cette Exposition Universelle à deux sculpteurs de renom : Emile Guillemin (1841-1907) qui sculpte le relief d’un bahut en acajou et bronzes galvaniques dorés (Musée d’Orsay, Paris, Inv. O.A.O. 992) et Emmanuel Frémiet (1824-1910) qui réalise le bas-relief d’un médaillier en cèdre, marqueterie et bronzes argentés (Musée d’Orsay, Paris, Inv. O.A. 10440). Diehl sera de nouveau récompensé d’une Médaille d’honneur à l’Exposition de l’Union centrale de 1869 et d’une médaille de Progrès à l’Exposition Universelle de Vienne en 1873 (Buffet en poirier noirci, citronnier, bronzes galvaniques, dessin de J. Brandely et bas-relief d’E. Guillemin, Musée d’Orsay, Paris, Inv. O.A.O. 336). Encensé par la critique, Diehl est considéré comme l’un des artistes les plus innovateurs du XIXème siècle.
Sa dernière participation sera à l’Exposition Universelle de Paris en 1878, où il présente « hors concours » ses dernières créations, dont une table à ouvrage marquetée qui anticipe l’Art nouveau avec son décor naturaliste de sauterelles (Musée de l’Ecole de Nancy, Nancy).

Dans le but de concurrencer la production anglaise, les manufactures de Creil (Oise) et de Montereau (Seine-et-Marne) commencent à produire de la faïence fine « façon Angleterre » à pâte blanche dite « Terre de pipe » dès le XVIIIe siècle. A Montereau, des potiers anglais réfugiés en France partagent leur savoir-faire avec Louis Lebeuf (1792-1854). Sous le Second Empire, les innovations techniques, ajoutées à l’engouement des classes bourgeoises pour les arts décoratifs, permettent une production de qualité, plus aboutie et plus diversifiée. La terre de pipe est relayée par la porcelaine opaque, plus blanche, plus dure et résistante. Après la fusion des manufactures de Creil et Montereau en 1840, Lebeuf s’associe avec Milliet (marques « Lebeuf Milliet et Cie » de 1840 à 1874, suivie de « Lebeuf et Cie » de 1875 à 1876). Les deux associés cherchent sans cesse à maîtriser différentes techniques de décor mais aussi à varier les motifs à l’infini. Cet âge d’or durera jusqu’au début du XXe siècle où la crise économique se fait ressentir. Une restructuration est alors entreprise et Montereau est préféré à Creil. Le rachat par la Manufacture de Choisy en 1920 permet de continuer la production en série jusqu’en 1955, date à laquelle Montereau ferme définitivement ses ateliers.

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