ref. 1361
L.C. Sevin
Sculpteur-Ornemaniste
(1821-1888)
(Attribué à)
F. Barbedienne
Bronzier
(1810-1892)
Bonbonnière a décor Byzantin
Signée F. Barbedienne
Bronze doré et émail cloisonné polychrome
France, circa 1880
Hauteur : 14,5 cm ; Côtés : 16×16 cm
Précieuse bonbonnière en bronze doré à décor d’émail cloisonné polychrome. Elle repose sur quatre pieds griffes à rinceaux et têtes de chimère et est ornée d’un décor dit byzantin.
La grande qualité de l’émail est typique de la production de Ferdinand Barbedienne. Il magnifie cette paire de coupes, notamment par la grande variété de couleurs mises en œuvre pour le décor. Lisse et brillant, l’émail offre de nombreuses nuances pour composer ce décor byzantin parmi le réseau de cloisons. Ces dernières sont par ailleurs finement gravées et participent au décor en prenant la forme de feuillages et d’enroulements.
Le modèle
Cette bonbonnière reprend un modèle bien connu de la Maison Barbedienne. En effet une coupe couverte similaire à la nôtre est acquise en 1867 – très probablement à l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris – par l’Österreichisches Museum für angewandte Kunst de Vienne (Inv. –NrEm15/1867). Quelques années plus tard, lors de l’Exposition Universelle de Vienne en 1873, Ferdinand Barbedienne expose sur son stand une coupe identique à cette paire et reproduite dans Kunst und Kunstgewerbe auf der Wiener Weltausstellung, 1873 : on y retrouve les mêmes pieds feuillagés et le même décor d’émail composé de rinceaux fleuris et de motifs byzantins.
Coupe couverte de l’Exposition Universelle de 1873,
(reproduit in Kunst und Kunstgewerbe auf der Wiener Weltausstellung, p. 441)
Barbedienne et l’email cloisonné
Innovant constamment, Ferdinand Barbedienne réintroduit le décor d’émail dans le mobilier profane de la seconde moitié du XIXe siècle. L’atelier d’émail de la Manufacture de Sèvres avait déjà tenté l’expérience en 1854-1855, mais F. Barbedienne est le seul qui soit parvenu à intégrer à échelle industrielle les émaux dans une production d’objets de décoration. Dès 1858, on note que “chez M. Barbedienne, les émaux dans les ornements de cuivre ont retrouvé tout leur prestige d’autrefois” (in Les bronzes de la Maison Barbedienne, C. Simon, in L’Art du XIXe siècle, 1858, n°21, p. 252) et la Maison Barbedienne est alors pourvue d’un atelier d’émail où sont réalisés des objets ornés d’émaux de style oriental ou médiéval. Quatre ans plus tard, sa production d’émaux opaques cloisonnés remporte un vif succès à l’Exposition Universelle de 1862. A cette occasion, F. Barbedienne remporte des médailles dans trois catégories différentes : Meubles d’Art, Orfèvrerie et Bronzes d’art, notamment pour l’heureuse combinaison du bronze et de l’émail (coupe de style oriental, château de Compiègne, Inv. C. 71-122).
La technique mise en œuvre pour produire ces émaux est tout à fait originale et diffère de la technique traditionnelle de l’émail cloisonné : en effet chez F. Barbedienne, les cloisons ne sont pas rajoutées par soudure sur la pièce à décorer mais sont directement obtenues lors de la fonte. Les cloisons font donc corps avec l’objet dès sa fonte et cette innovation technique permet ainsi d’obtenir des motifs d’une grande netteté et d’une grande régularité dans lesquels l’émail viendra se loger pour mettre en couleur le décor.
Les couleurs utilisées par la Maison Barbedienne participent elles aussi au succès de ses émaux et on vante alors les coloris utilisés qui “possèdent plus que tous les autres ces qualités d’éclat et de richesse que montrent les palettes des émailleurs gothiques et chinois” (in Gazette des Beaux-Arts, 1er décembre 1862, p. 542). L’ensemble est mis au service de créations émaillées originales, soit d’inspiration chinoise et japonaise abordant un décor naturaliste, soit d’inspiration persane et indienne avec un décor plus stylisé – comme c’est le cas pour cette paire de coupes.
Biographies
Louis-Constant Sévin (1821-1888) : formé au dessin et à la sculpture auprès du sculpteur-ornemaniste Antoine-André Marneuf (1796-1865), il s’associe en 1839 aux sculpteurs Phénix et Joyau et fournit des dessins aux plus grandes maisons d’orfèvrerie – Denière, Froment-Meurice et Morel. Pendant la Révolution de 1848, il rejoint Morel à Londres et lui crée des pièces qui sont alors exposées à l’Exposition Universelle de 1851. De retour en France, il participe à l’Exposition Universelle de 1855 en fournissant des modèles aux porcelainiers de Limoges Jouhanneaud et Dubois. C’est à cette époque qu’il travaille auprès de Ferdinand Barbedienne qui le nomme chef de ses décorateurs. Son œuvre est considérable : il donne, entre autres, les dessins des bronzes de l’hôtel de La Païva (avenue des Champs-Elysées) et fournit de nombreux modèles à Ferdinand Barbedienne. Il expose aux différentes expositions et reçoit une médaille “pour l’excellence artistique des meubles qu’il a dessinés et qui sont exposés par Barbedienne” à l’Exposition Universelle de Londres en 1862 et une Médaille d’Or pour sa qualité de coopérateur à l’Exposition de l’Union Centrale des Arts Décoratifs de 1863.
Ferdinand Barbedienne (1810-1892) : il a créé et dirigé au n°30 boulevard Poissonnière à Paris, l’une des plus importantes fonderies d’art pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Déjà saluée par deux grandes médailles (Council medals) à l’Exposition de Londres en 1851, F. Barbedienne remporte à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris, une grande médaille d’honneur et onze médailles de coopérateurs récompensant ses créateurs de modèles, comme Louis-Constant Sévin (1821-1888), ses ciseleurs avec Désiré Attarge (c.1820-1878) et ses monteurs. A l’Exposition Universelle de Londres en 1862, F. Barbedienne remporte des médailles dans trois classes différentes : meubles d’art, orfèvrerie et bronzes d’art, notamment pour l’heureuse combinaison du bronze et de l’émail. Avant-gardiste dans les techniques décoratives avec l’orfèvre parisien Christofle, les critiques d’art attribuent cependant la paternité de l’émail cloisonné à Barbedienne (voir “L’émaillerie moderne”, Gazette des Beaux-Arts, Alfred Darcel, t. XXIV, janv.-juin 1868, p° 75-84). Déclaré hors concours, en sa qualité de membre et de rapporteur du jury à l’Exposition Universelle de 1867, Ferdinand Barbedienne y expose cependant avec succès ses œuvres émaillées utilisant les techniques du cloisonné et du champlevé. Nommé Officier de la Légion d’Honneur, Barbedienne est fait Commandeur en 1878, suite à l’Exposition Universelle
où le jury le compare à “un prince de l’Industrie et au roi du bronze”. Sa gloire ne tarit pas avec les années, puisqu’à l’Exposition Universelle de 1889, les critiques remercient Barbedienne de servir de maître aux autres bronziers, par la qualité toujours exemplaire de ses bronzes.
Bibliographie
– L’Art en France sous le Second Empire, Exposition Grand-Palais, Paris, 1979, p. 148-149.
– L’émaillerie moderne, Alfred Darcel, in Gazette des Beaux-Arts, t. XXIV (janvier-juin1868), p. 76.
– Les bronzes de la Maison Barbedienne, C. Simon, in L’Art du XIXe siècle, 1858, n°21, p. 252.
– Der Traum von Glück : Die Kunst des Historismus in Europa, Ausstellung im Künstlerhaus und der Akademie der Bildenden Künste, Wien, 1996-1997, p. 599-600.
– Kunst und Kunstgewerbe auf der Wiener Weltausstellung, 1873, Von Lützow, Leipzig, 1875, p. 441.
– Gazette des Beaux-Arts, 1er décembre 1862, p. 542.
Muséologie
– Coupe couverte probablement présentée à l’Exposition Universelle de 1867, conservée à l’Osterreichisches Museum für angewandte Kunst, Vienne (Inv. –NrEm 15/1867).
– Coupe couverte, conservée au Carnegie Museum of Art, Pittsburgh (Inv. 1999.49.3.A-B).
– Coupe couverte dite bonbonnière, conservée au Musée de l’Evêché – Musée de l’Email, Limoges (Inv. 2006.15.1).
Coupe couverte dite bonbonnière,
Musée de l’Evêché – Musée de l’Email, Limoges.
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