L.C. Sévin

Sculpteur-Ornemaniste
(1821-1888)

F. Barbedienne

Bronzier
(1810-1892)

(Attribué à)

Guéridon neo-Grec

France
Circa 1880

Bronze argenté, bronze doré, onyx

Hauteur : 77 cm ; Diamètre : 95 cm 

Guéridon réalisé en bronze argenté et bronze doré, composé de quatre pieds griffes ornés d’une tête de lion maintenus entre eux par des tiges croisées en bronze doré. Il est surmonté d’un large plateau en onyx cerclé d’une frise d’oves et de perles.

Œuvre en relation

D’une ligne épurée, les pieds de ce guéridon sont ornés d’une tête et de griffes de lion. Leur modèle est bien connu dans la production de Ferdinand Barbedienne et fut à plusieurs reprises utilisé par le bronzier. Ce guéridon permet ainsi de voir comment la Maison Barbedienne su décliner les modèles créés par son ornemaniste Louis-Constant Sévin : ce dernier donna le modèle de ces pieds peu après son arrivée dans la Maison Barbedienne en 1855 et on le retrouve dans plusieurs grands intérieurs du Second Empire.

On aperçoit ainsi un guéridon à trois pieds du même dessin sur une photographie de l’atrium de la maison pompéienne construite pour le Prince Napoléon. Si la plus grande partie du mobilier néo-antique commandé pour cette demeure est de la main de Charles Rossigneux (1818-1908), ce guéridon témoigne cependant de la présence de la Maison Barbedienne sur le chantier.

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Vue de l’atrium de la maison pompéienne du Prince Napoléon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par ailleurs une photographie du cabinet de travail de l’Empereur au château de Saint-Cloud  atteste de la présence dans cette pièce d’un guéridon aux pieds identiques, illustrant le succès du modèle au sein du cercle impérial.

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Vue du cabinet de l’Empereur à Saint-Cloud (reproduit in Des Tuileries à Saint-Cloud, l’art décoratif du Second Empire)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des années plus tard on retrouve dans la Gazette des Beaux-Arts une gravure représentant un guéridon exposé à l’Exposition Universelle de 1889 : la gravure présente un plateau de bronze supporté par un piètement tripode aux pieds identiques à ceux de ce guéridon, prouvant la longévité de ce modèle au sein des productions de la Maison Barbedienne. La légende mentionne Plateau de bronze composé par M. Levillain, exécuté par M. Barbedienne (Exposition Universelle de 1889).

Barbedienne

Guéridon, Exposition Universelle de 1889 (reproduit in Gazette des Beaux-Arts, p. 415)

Le style néo-Grec

Cette œuvre illustre le style néo-Grec qui se développa en France au XIXe siècle. S’inspirant de l’Antiquité grecque, ce style y puise un répertoire décoratif complet qui est alors mis à profit pour créer des œuvres nouvelles, réinterprétant ces inspirations antiques avec l’esprit du siècle présent. 

Pour créer ce guéridon L.-C. Sévin s’inspira sans doute des trépieds de bronze antiques qui étaient offerts aux athlètes grecs en récompense de leurs exploits sportifs. Ce trépied antique est ici réinterprété par l’artiste qui en détourne la forme et l’usage afin d’en faire un meuble au goût du jour.

Biographies

Louis-Constant Sévin (1821-1888) : formé au dessin et à la sculpture auprès du sculpteur-ornemaniste Antoine-André Marneuf (1796-1865), il s’associe en 1839 aux sculpteurs Phénix et Joyau et fournit des dessins aux plus grandes maisons d’orfèvrerie – Denière, Froment-Meurice et Morel. Pendant la Révolution de 1848, il rejoint Morel à Londres et lui crée des pièces qui sont alors exposées à l’Exposition Universelle de 1851. De retour en France, il participe à l’Exposition Universelle de 1855 en fournissant des modèles aux porcelainiers de Limoges Jouhanneaud et Dubois. C’est à cette époque qu’il travaille auprès de Ferdinand Barbedienne qui le nomme chef de ses décorateurs. Son œuvre est considérable : il donne, entre autres, les dessins des bronzes de l’hôtel de La Païva (avenue des Champs-Elysées) et fournit de nombreux modèles à Ferdinand Barbedienne. Il expose aux différentes expositions et reçoit une médaille “pour l’excellence artistique des meubles qu’il a dessinés et qui sont exposés par Barbedienne” à l’Exposition Universelle de Londres en 1862 et une Médaille d’Or pour sa qualité de coopérateur à l’Exposition de l’Union Centrale des Arts Décoratifs de 1863.

Ferdinand Barbedienne (1810-1892) : il a créé et dirigé l’une des plus importantes fonderies d’art pendant la seconde moitié du XIXème siècle. Il doit sa renommée tant à ses fontes de sculptures anciennes et modernes, dont les sujets étaient tirés des plus grands musées d’Europe, qu’à ses bronzes originaux, dessinés dans ses ateliers et destinés à l’ameublement et la décoration. En plus de sa propre production, Barbedienne travaille pour les sculpteurs les plus renommés comme Barrias, Bosio, Clésinger ou encore Carrier-Belleuse. Déjà saluée par deux grandes médailles (Council medals) à l’Exposition de Londres en 1851, la Maison Barbedienne remporte à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris, une grande médaille d’honneur et onze médailles de coopérateurs récompensant, ses créateurs de modèles, ses ciseleurs et ses monteurs. Les succès rencontrés par la Maison Barbedienne dans les Expositions Internationales lui valent en conséquence de nombreuses commandes officielles, comme celle de fournir les bronzes d’ameublement pour la maison pompéienne du Prince Napoléon-Joseph, vers 1860, avenue Montaigne à Paris. Déclaré hors concours, en sa qualité de membre et de rapporteur du jury, à l’Exposition Universelle de 1867, il y expose cependant avec succès. Nommé alors Officier de la Légion d’Honneur, il est fait Commandeur en 1878, suite à l’Exposition Universelle où le jury le compare à “un prince de l’Industrie et au roi du bronze”. Sa gloire ne tarit pas avec les années, puisqu’à l’Exposition Universelle de 1889, les critiques remercient Barbedienne de servir de maître aux autres bronziers, par la qualité toujours exemplaire de ses bronzes.

Bibliographie

– Gazette des Beaux-Arts, 1er octobre 1889, p. 415.
– Des Tuileries à Saint-Cloud, l’art décoratif du Second Empire, Henri Clouzot, Payot, Paris, 1935.
– « La maison pompéienne du Prince Napoléon avenue Montaigne », Marie-Claude Dejean de la Batie, in La Gazette des Beaux-arts, t. LXXXVII, 1287e livraison, avril 1976, pp. 127-134. fig. 7.

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